Parti architectural
La passerelle assure une liaison piétonne sécurisée entre le lycée agricole de Challuy et le lycée horticole de Plagny séparés l’un de l’autre par l’ex-Nationale 7 à la sortie Sud de Nevers.
Pour traverser cette route, on se retrouve ici avec la nécessité encombrante et peu invitante de placer un escalier à chaque extrémité de la passerelle. Un des "hors sujets" du concours aurait d’ailleurs pu être la création d’une voie tunnel pour les véhicules, permettant des flux piétons sans rupture de niveau entre les deux lycées et sans traversée de route.
Profitant de la disponibilité d’espace au départ de chaque extrémité de la passerelle, la forme de la passerelle développe un cheminement oblique en douceur, permettant d’éviter la formule basique escalier/passerelle/escalier. De grandes volées droites à pente douce sont conçues avec de larges emmarchements et paliers de repos. La passerelle s’assimile alors à un chemin qui s’élève et qui s’abaisse sans cassure.
La forme générale comporte un arc tendu qui assure le rôle de "porte" d’entrée de ville.
Lorsqu’on utilise la passerelle, on pénètre dans sa structure, on la traverse, on la frôle : l’idée était de donner envie de l’utiliser avec mise à profit des trois dimensions de la structure comme expérience spatiale.
La passerelle émerge ici du cadre boisé un peu comme un insecte et s’articule en hauteurs et en obliques. Chacun de ses éléments est optimisé pour le rôle qu’il joue : en porte à faux ou en appui, de faible ou de forte section, en tubes ou sous forme de tirant. On perçoit cette structure de l’extérieur.
De jour, par le choix des matériaux et leur traitement “naturel†, la passerelle s’inscrit comme un prolongement des espaces qui l’encadrent, un peu comme si on l’avait découverte en déboisant.
La nuit, on accentue par l’éclairage la mise en valeur de certains assemblages et détails de structure moins perceptibles en journée.
Structure & Ossature
L’ossature de la passerelle est née de la transformation d’un des croquis de recherche (une poutre 3D habitable) par le bureau d’étude BC2E (introduction notamment des éléments inclinés avec optimisation des efforts).
Au départ et de chaque côté quatre points d’ancrage soutiennent les escaliers d’accès et lancent la passerelle au-dessus de la RN7 sans point d’appui sur le domaine public. Le gabarit de 4,40m de passage libre sous passerelle est respecté au-dessus de la chaussée.
L’ensemble se décline en 3 séquences (oblique / horizontale / oblique) de 18.50m soit 55.50m. Dans la perception globale, les volées sont prolongées par l’arc de la passerelle dans une continuité.
La partie centrale de la passerelle est composée de deux arcs en lamellé collé sous-tendus par une ossature métallique permettant de diminuer les sections du bois et de soutenir le tablier. Les arcs sont de classe 2, protégés des intempéries par des tasseaux pour éviter une maintenance. Une bavette métallique protège le dessus de chaque arc.
Les escaliers sont constitués de limons en lamellé collé en douglas purgé d’aubier de classe 3. Un platelage bois de 40 à 50mm d’épaisseur, en ipé imputrescible, forme les marches et l’espace de circulation avec bandes antidérapantes intégrées.
Les volées des escaliers sont soutenues par une structure métallique, au départ de la passerelle, composée de tubes triangulés et inclinés entre eux, assurant la stabilité transversale et supportant les rampes d’accès. Cette structure reçoit des haubans complémentaires de façon à assurer une triangulation parfaite. Elle est entièrement galvanisée de façon à ne recevoir aucun entretien a posteriori.
Un garde-corps en acier prélaqué est fixé sur l’ossature bois des limons. Un éclairage continu est intégré dans la lisse haute du garde-corps.