Projets
Le Mazarin
L’idée n’est pas de refaire le nouveau cinéma Mazarin, bien au contraire on lui souhaite une longue prospérité. Il s’agit de se pencher sur « l’autrement dit  » c’est-à -dire ce qu’aurait pu donner le nouveau cinéma Mazarin vu et traité différemment…
En voyant la forte volumétrie du nouveau cinéma occuper la rue des Docks et refermer la perspective vers les quartiers Ouest de Nevers, on se dit que cela aurait pu être autrement, notamment par la prise en compte d’une idée toute simple : les salles de cinéma sont aveugles : enterrons les ! Et profitons alors des toitures à hauteur de la rue pour créer un jardin suspendu, des terrasses surplombant la voie ferrée, un espace de promenade et de détente à proximité de la gare.
Le projet serait constitué d’une esplanade prolongeant la rue des Dock au-dessus des salles enterrées. De cette esplanade, un hall vitré inviterait les spectateurs à descendre vers un hall cafétéria à hauteur des voies ferrée d’où l’on accéderait directement aux salles de cinéma enterrées. Le hall vitré serait ainsi la seule partie émergente du projet et s’inscrirait dans le jardin terrasse prolongeant la rue des Docks. La perspective de la rue resterait ouverte vers l’Ouest et serait valorisée par un nouveau jardin et par le nouveau cinéma. Le parking desservirait directement le hall d’entrée, sans avoir à remonter par la rue des Docks. Une opération urbaine d’intégration.
Plus globalement, j’incite le tout un chacun à pouvoir se positionner sur des réactions urbaines, des rêves, des utopies en se disant que ce que l’on construit n’est pas une fatalité mais la matérialité d’idées à un instant T, et que ces idées peuvent évoluer, peuvent être différentes. Stéphane Essel dit « indignez vous  », je dirais « intéressez vous  » et même plus « impliquez vous  », vous avez votre mot à dire. L’architecture et l’urbanisme sont l’affaire de tous, car nous vivons et nous traversons chaque jour l’urbain. L’architecture n’est pas une fatalité.
Pont de la Grippe
A côté de la gare, le pont de la Grippe, est une articulation majeure entre le Centre Ville et les quartiers Ouest de Nevers. Elle est aujourd’hui un parking bondé de voitures, pour ceux notamment qui n’ont pas de place réservée sous l’immeuble et pour les usagers des commerces et administrations riveraines.
Faisons de cette place une halte, un espace privilégié pour les piétons qui passent de l’Ouest vers le Centre. Cet espace « terrasse-café  » est ici pensé dans une architecture récente – hors quartier historique - pour prouver qu’avec peu de moyens (de l’espace, quelques arbres, un lieu passant, des voitures limitées ) on peut réussir à revitaliser un espace, et à rendre l’espace public au piéton.
L’urbanisme c’est toujours une question de choix et de hiérarchie : que privilégions-nous ? J’ai ici repensé à quelques villes où j’ai habité : Marseille et Lyon, où il n’est pas rare pour qui s’y promènent de se retrouver sur une petite terrasse sympa entre quatre immeubles, au coin d’une rue avec au départ peu de moyens.
Où mettrons-nous les voitures ? N’avez-vous pas remarqué à proximité du pont des espaces en friches en contrebas … Il y a toujours une solution pour les bonnes volontés.
Rue de la Rotonde
Dernièrement le début de la rue de la Rotonde, côté 13ème de Ligne a vu pousser une clôture grillagée de 2m de haut venant remplacer la clôture initiale en béton de 1.20m qui permettait une belle vue sur la ville tout en laissant la possibilité de s’y accouder pour rêver un peu.
Cela du reste sans demander d’autorisation aux Bâtiment de France, comme il aurait fallu le faire pour la partie située proche du bâtiment Scan. Passons…mais n’invoquons pas le « tout sécurité  » pour un secteur dont la périphérie de 3 km est loin d’être étanche à toute pénétration, et qui servirait à quoi ? A susciter l’infraction ? Sachons travailler en amont en proposant un cadre généreux, propice à la rencontre et au dialogue…
Plus que de fermer la perspective nous proposons ici un aménagement qui ouvre la rue de la Rotonde sur le paysage de la ville et qui donne envie d’emprunter cette rue comme une promenade.
Le projet consiste à créer un surplomb au-dessus du talus SNCF à l’aide d’une structure bois et d’agrandir l’espace piéton actuellement réduit à son strict minimum : une personne et demi à la fois. Serait également crée une voie cyclable délimitée de l’espace piéton par des bancs faits sur mesure. L’ensemble de la perspective serait ponctuée par des luminaires élancés offrant aux trains qui arrivent une vue attrayante sur Nevers.
On aurait in fine une liaison dite « voie douce  » entre le centre et l’Ouest de la ville, un vrai chemin piéton et cyclable.
Nevers, Nevers, trois minutes d’arrêt…
Une voute en verre pour la gare et une passerelle de liaison
Remplacer les auvents de tôle qui protègent les quais actuels par une voà »te en verre, à la façon dont l’architecte officiel de la SNCF, Jean Marie Duthilleul, a déjà traité maintes gares TGV. Donner du rêve, de la poésie et …du fonctionnel.
Créer un symbole : le passage en train à Nevers se fait sous une voute en verre, laissant filtrer la lumière le jour et éclairée la nuit. Des incrustations de poissons de Loire, de galets et autres symboles de la Loire seraient intégrés dans les panneaux de verre, un peu comme le sont les pavés vitrés de Dublin, le long du fleuve Liffey. Un galet géant planté au milieu des voies laisserait sa marque. En fait, les trains passeraient en quelque sorte sous la Loire…Le passage en gare de Nevers ne laisserait pas indifférent, invitant même à s’arrêter pour persévérer dans la découverte de cette ville ligérienne.
Côté fonctionnel, une passerelle permettrait d’enjamber les voies ferrées depuis le bas de la rue Bourgneuf pour déboucher face à l’avenue du Général De Gaulle – rendons ici hommage à Béatrice Canler, architecte de Nevers récemment disparue et dont le thème du diplôme fut justement une passerelle au-dessus des voies ferrées. Cette passerelle constituerait non seulement un raccourci pour rejoindre le centre ville mais permettrait également de desservir et directement les voies, désormais toutes à l’abri sous la voà »te en verre.
Nevers, le 25 septembre 2012.
Eric Arsenault, architecte.